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Catherine aime... lire
15 janvier 2015

La solitude du docteur March

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Durant l’année d’absence du docteur March, qui s’est engagé dans les troupes du Nord comme aumônier, nous avions découvert la vie de ses filles et de son épouse dans Les quatre filles du docteur March (Little Women, en version originale,le surnom affectueux que leur avait donné leur père). Que s’est-il passé sur le front ? Qu’a vécu le docteur March ? Qu’est-ce que la guerre aurait changé chez lui ?

Géraldine Brooks s’est attachée à nous raconter ce que le docteur March aurait pu vivre pendant un an, mais aussi sa jeunesse, sa rencontre avec Margaret Day, sa future épouse, les naissances successives et l’enfance de ses filles. Elle nous parle aussi du combat de cette famille abolitionniste, qui cachait des esclaves en fuite, au péril de leur vie.

C’est tout le portrait d’un homme qu’elle dépeint, ses faiblesses comme sa bonté. Elle ne cherche pas à en faire un modèle, bien au contraire. S’il n’est que gentillesse, le docteur March peut aussi être rigide et maladroit. Son épouse, Margaret, dit Marmée, le perturbe plus d’une fois par son caractère volcanique, bien caché sous l’apparence amidonnée que présentaient la plupart des femmes éduquées de l’époque. Leur couple si parfait dans le roman de Louisa May Alcott n’est pas celui de Géraldine Brooks. Cette dernière nous démontre plus d’une fois leur difficulté à se comprendre et à communiquer, notamment en évoquant le choix contestable du docteur, qui part à la guerre, à trente-neuf ans, alors qu’il a quatre filles et une épouse à sa charge et qu’il refuse la violence.

Outre ce portrait humain d’un homme tourmenté, c’est aussi celui d’une Amérique ravagée. Par une guerre civile, certes, mais aussi par l’esclavagisme et l’inhumanité qui y règne. Les conditions de vie de ces esclaves ne sont même pas celles d’un animal.

Instructif à plus d’un titre, La solitude du docteur March est un roman magnifique, écrit dans un style littéraire d’une grande beauté, véritable plaisir pour l’oreille. C'est aussi un ouvrage d'une grande profondeur, dont on n'en sort pas indemne.

Pour une fois, je ne regrette pas que la version française du titre ne soit pas la même que l'originale, sobrement intitulée MarchLa solitude du docteur March est beaucoup plus subtil et correspond bien à la finesse du portrait dépeint par l'auteur.

BROOKS Géraldine, La solitude du docteur March, Pocket, 2011

 

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